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L'apostilleur

Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)

Le « principe de Kissinger » n’a pas été respecté par Blinken et donné raison à Erdogan.

Avec la disparition de Kissinger on regrettera que son principe ne lui ait pas survécu. Diplomate il avait su rendre réservées ses origines au profit de son pays avec une assimilation désirée et réussie.

Devançant la préconisation d’Éric Zemmour, il avait américanisé son prénom, considérant probablement que celui de ses origines (Heinz Alfred) serait une gêne pour son avenir dans son nouveau pays les Etats-Unis, et le moyen d'oublier un peu les outrages allemands. Il deviendra Henry Kissinger.

Ce faisant il marquait en même temps une adhésion et une distanciation avec ses origines qu’il ne reniait pas pour autant. C’était son choix à une époque où ceux qui abandonnaient leur religion juive ou un nom qui dévoilait leurs origines, étaient critiqués par d'intransigeants coreligionnaires comme le prix Nobel de la Paix Elie Wiesel qui dira d’eux « Ils me font pitié, même pas honte, pitié ».

Prix Nobel de la Paix lui aussi, Henry Kissinger marquera son temps en survivant aux présidents américains successifs depuis Nixon et montrera une singularité exemplaire dont ne sera pas capable l’actuel secrétaire d’Etat américain Blinken avec sa déplorable proclamation à son arrivée à Tel-Aviv le 12 octobre dernier, « je suis venu non seulement en tant que secrétaire d'État américain, mais aussi en tant que juif ». Un antipode de son illustre prédécesseur.

Kissinger anticipera ce que Barak Obama confirmait avec sa récente « mise en garde d’Israël contre une stratégie politique et militaire trop dur à l'égard de Gaza qui pourrait jouer, au final, contre l'État hébreu… Une telle stratégie pourrait durcir les attitudes palestiniennes pendant des générations et affaiblir l'aide internationale ». Dès 1974 il avait fait preuve de discernement dans le conflit israélo-palestinien. Cela lui vaudra d’être insulté en Israël pour ne pas avoir favorisé systématiquement Israël dans ce conflit; Golda Meïr à Kissinger « Je ne comprends pas que vous, un Juif, puissiez me demander de ravitailler et de ne pas faire prisonniers les Égyptiens encerclés. » Il lui répondra avec un principe exemplaire : « Je suis d'abord citoyen du monde, puis américain, puis républicain, puis enfin seulement juif !» 

Les américains non juifs auront été en droit de se demander si Blinken n’aurait pas dû appliquer le « principe de Kissinger ». Un exemple qui aurait évité à Blinken des sarcasmes mérités dont celui d’Erdogan : « Que diriez vous si quelqu’un vous affirme ‘‘Je me présente dans la région comme un musulman’’? Regardez, nous ne faisons pas de distinction entre Juif, Turc ou autre. Il faut d’abord approcher l’autre comme un être humain ». On saura rappeler cette rare exemplarité au descendant ottoman.

Cette question d’une appartenance communautariste qui prévaudrait sur la nationalité d’un individu devrait être abordée prioritairement pour le choix des représentants d’un gouvernement. Elle s’était posée pour Eric Zemmour bien avant sa candidature… Eric Zemmour, le «principe de Kissinger» et Tariq Ramadan. - L'apostilleur (over-blog.com)

Elle ne s'est pas posée lors de l'élection d'Habib Meyer, ancien conseiller de Netanyahu avec son clip de campagne honteux qui exhibe l'immixtion du premier Ministre israélien lors de la campagne de Meyer au poste de député des français de l'étranger dont la majorité est en Israël.

Avec ces fréquentes dérives communautaristes, l’adieu de Kissinger est l’occasion pour chacun de mesurer la dimension politique et personnelle de ce qui a fait de lui un grand homme.

 

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