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L'apostilleur

Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)

Les français seraient majoritairement favorables à la GPA...

Voilà un business qui trouvera toujours plus de supporters chez nos bobos que dans nos campagnes. Nul doute que les promoteurs de la GPA attendent avec impatience une prise en charge des prestations par la sécu, car suivant les pays le prix de l'opération varie de 30 000€ en Ukraine à près de 100 000 $ aux states. D'autant que la France se distingue avec ses lois permissives qui s'arrangent pareillement des délinquants OQTF ou des importateurs d'enfants illégaux achetés en GPA. Ils finiront régularisés, alors patience.

Ces partisans artisans se souviennent d'un filon ancien dont on trouve trace dans la bible hébraïque (1), et qu'ils voudraient réexploiter. Dans la Genèse, Sarah stérile demande à Abraham de s’unir à son esclave Agar, espérant par elle avoir des enfants. Après lui avoir donné son premier fils Ismaël, elle sera chassée. Quand Sarah finira par enfanter Isaac, Ismaël tombera dans l'oubli et la négligence. Une fresque révélatrice des sentiments humains trafiqués.

Ces relances médiatiques parisiennes en faveur de la GPA, font suite à une mesure ambigüe de l'Union Européenne incapable d'assumer pleinement une décision de salubrité publique. Il y est question de "... gestation pour autrui à des fins d'exploitation reproductive... ". Pourquoi avoir ajouter "à des fins d'exploitation reproductive" ?

Les conversations autour de la GPA négligent systématiquement l'avenir des mères en détresse après avoir laissé leur enfant entre les mains des acheteurs avec leur contrat "bébé clé en main".

Ce sujet grave est manipulé par les artisans marchands et les acheteurs égoïstes comme on l'avait déjà vu, l'actualité se répète il convient donc de rappeler les motivations d'une opposition qui relève de la lutte des classes (*), ignorées par les féministes et les écologistes qui accueillent le plus grand nombre des supporters favorables au marché des "bébés clé en main".

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Depuis la nuit des temps la misère des uns conduisait les hommes à prendre en charge par différents moyens au gré des époques, les enfants privés de parents et de famille. Cet acte de charité organisée, conduisit au XXe s. au principe de l’adoption qui devint le moyen de concilier cet altruisme élevé pour les familles avec enfants qui en adoptaient d’autres, et le désir d’enfant pour celles qui en étaient privées par la nature. Personne ne trouvait à y redire au contraire.

 Aujourd’hui, les activités de la GPA entrent en concurrence avec les orphelinats et les éprouvettes avec les enfants abandonnés.

Ses défenseurs, moins sensibles aux conséquences qu’à la cause, proposent cette voie pour répondre au besoin d’enfant. Chacun pouvant bien comprendre ce profond manque qu’est l’absence d’un enfant dans une vie. La GPA nourrit néanmoins bien des questions quant à cette pratique destinée aux plus pourvus.

La médecine progresse et se trouve de nouveaux marchés ; la GPA en est un. C’est l’occasion de constater encore qu’en parallèle des progrès de la médecine, gravitent des centres d’intérêts moins élogieux. Nier l’aspect mercantile de la GPA est une hypocrisie détournée par ses adeptes au motif que son objet est des plus précieux. Il n’en reste pas moins que sans argent, pas d’enfant. Ce qui reste l’obstacle de la quasi-totalité de l’humanité incapable de payer les montants à engager pour une GPA, caricaturalement inégalitaire. Sauf si la Sécurité Sociale prenait en charge ces prestations, immense espérance de la filière qui la conduirait au jackpot et qui deviendrait probablement réalité si sa légalisation était actée. Dans cette hypothèse, y aurait-il assez de mères volontaires pour porter les enfants des autres ?

En attendant, le caractère commercial de la GPA est tabou comme tout ce qui touche à la santé en général, ce qui n’empêche pas les leaders d’opinion de monter au créneau, respectant les principes marketing de tout lancement de produit.

Les pro GPA et leurs juristes ne manquent pas d’expliquer le contexte contractuel qui entoure la pratique, garantissant ainsi aux intervenantes le paiement de leur sacrifice qui représente moins de vingt pour cent des sommes engagées. L’essentiel du budget étant reversés aux contributeurs médicaux, frais et autres assurances.

Si l’idée de commerce heurte à juste titre la pratique, il conviendrait alors d’entendre les mères porteuses qui acceptent ce dévouement pour d’autres motifs que l’argent qu’il procure, s’il y en a suffisamment, pour se forger un autre jugement. En attendant, on perçoit avec tristesse une similitude entre celles qui louent leur ventre pour ces motifs et ceux qui vendent leurs organes ? Ces mêmes actes perpétrés généreusement n’entreraient pas dans le cadre de ce qui nous occupe ici et mériteraient d’autres réflexions. 

Satisfaire son désir ou son besoin d’enfant par la GPA ressemble à un acte égoïste qui priorise son envie au détriment de l’avenir d’une « mère » qui aura fait une parenthèse de neuf mois et plus dans sa vie. Quelles en seront les conséquences pour elle ? Ce sujet n’est pas abordé, probablement parce qu’il est moins rose que le tableau présenté si l’on en juge par ce que proposent les contrats des juristes prévoyants. Une clause laisse deviner la suite et, destinée à la mère porteuse, stipule dans leurs contrats de GPA : « … sur le plan psychologique, il est d’usage de lui payer une thérapie de suivi pour l’aider à surmonter le processus vital de porter dans son utérus l’enfant d’une autre personne. »

Pourquoi n’entend-on jamais les « mères porteuses » défendre ces pratiques ? Celles qui s’expriment rarement parlent « …de la maison qu’elles pourront s’acheter », ou on apprend qu’elle « en rêvait depuis l’âge de 12 ans. ». Ces opinions à priori seront-elles confirmées plus tard lorsqu’elles seront en mesure de parler peut-être, de la trace indélébile dans leur conscience de ces mois de location dont le vrai prix pourrait n’être connu qu’alors ?

Les femmes qui acceptent ces « prestations » mériteraient d’être entendues, comme leurs familles et leurs proches, aujourd’hui et plus tard. Ces témoignages et ces retours d’expériences devraient prévaloir dans cette affaire et pas l’inverse. 

Ici et là, des débats pour ou contre la GPA animent des partisans qui se distribuent des noms d’oiseaux notamment à l’endroit des opposants catalogués de réactionnaires, conservateurs heurtés, bourgeois passéistes, intégristes et autres. On a vu Murielle Robin inconsistante, vociférer contre son détracteur « pour la forme » de ses propos chez Ruquier, édulcorant le fond qu’elle avouait ne pas connaître… Ces anathèmes ne servent pas la cause des auteurs. Les opinions agressives ne sont qu’une manifestation de la force sans la raison.

Le contexte bobo du débat public ne fait qu’effleurer la conviction des « français normaux » tant les circonstances exposées leurs sont inaccessibles ; difficultés d’accès au processus, voyages à l’étranger, coût de la GPA, difficultés juridiques… Le microcosme des ayants eu droits semble vouloir s’attribuer des droits au motif du fait accompli, que le droit ne leur donne pas et en ignorant ceux des autres.

Laisser défendre la GPA par ses bénéficiaires ou leurs sympathisants communautaires n’est pas de nature à convaincre sereinement. On n’écouterait pas les défenseurs de la peine de mort s’ils étaient bourreaux.

On laissera donc maintenant l’adoption aux altruistes et aux plus modestes, à condition qu’ils ne le soient pas trop.

(*) La GPA, c’est l’exploitation de l’Homme par l’homme riche. On reverra ce qu'il faut penser de la GPA lorsque des femmes riches porteront les enfants de gens pauvres.

 

(1) Une trace archéologique confirme la réalité de cette pratique chez des juifs en Egypte au IVe s. avJC.

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