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L'apostilleur

Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)

Palestine. Terre de terrorismes israéliens et palestiniens.

Avec l’Israël contemporain ce Moyen-Orient n’a pas échappé à la tradition, cet état naîtra aussi dans le sang des massacres... sionistes. Ses victimes comme celles du Hamas aujourd’hui ne s'oublieront pas. Des mémoires sources de rancœurs pour longtemps.   

Si les guerres mahométanes de la région avaient pour but d’imposer l’Islam, celles des juifs quatorze siècles plus tard serviront une autre ambition, le sionisme. Une construction juive sur un territoire musulman, à la légitimité historique fragile. Parmi ses artisans David Gruen dit Ben Gourion (nom d’un résistant juif contre les romains), dont les carnets ont été publiés en 1986. Ils révèlent un terrorisme sioniste fondateur de la création de l’état d’Israël dont la relecture est à considérer aujourd’hui au moment du conflit Gaza/Israël. Deux ans plus tard l’historien israélien Ben Morris (1) publiera une première version de son livre The Birth Of The Palestinian Refugee Problem (La naissance du problème des réfugiés palestiniens) qu’il rééditera après avoir eu accès aux archives de Tsahal l’armée israélienne. Dans un article du Courrier International (2) il révèle les agissements des sionistes pendant la guerre de colonisation en territoire palestinien après la reconnaissance de l’ONU. Ces informations complètent celles sur leurs actions terroristes contre les britanniques sous leur mandat en Palestine.

Un digest de ces événements aide à comprendre pourquoi Ben Gourion s’est trompé ou trompait ses coreligionnaires, " Nous devons tout faire pour nous assurer que les Palestiniens ne reviendront jamais, les vieux mourront et les jeunes oublieront ". Mais les conquêtes sionistes peuvent-elles être oubliées par les palestiniens ?

 

Il y a 70 ans…

Par lettre adressée à Lionel Rothschild pour la création d'un foyer juif en Palestine, le gouvernement anglais entend que rien ne sera fait pour porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives installées en Palestine, des principes validés par le Président américain Wilson. 

Ben Gourion retiendra que l'autorisation de créer un foyer, vaut pour une nation.

Les palestiniens eux ne seront pas entendus lorsqu’ils diront aux anglais leur volonté de créer un état arabe musulman. Lorsque juifs et musulmans s'opposeront déjà violemment, le partage en deux états de la Palestine avec Jérusalem sous contrôle anglais sera alors envisagé. 

En 1939 les anglais décide que la Palestine sera un état arabe avec une population juive limitée à 30%.

Ben Gourion ignorera cette injonction, avec une immigration massive qui peuplera la Palestine. Les anglais arraisonneront l'Exodus et ses immigrés juifs retourneront d'où ils venaient ou dans un camp à Chypre dans des bateaux-cages.

Des groupes armés clandestins juifs groupes terroristes sionistes (Haganah, Lehi, Irgun, Le Gang Stern …) combattront les anglais avec des sabotages et des vagues d'attentats terroristes tous azimuts ; ponts, raffineries, équipements administratifs, lieux de loisirs, équipements militaires... Les anglais interneront dans des camps 3000 hommes des milices sionistes. Ben Gourion les soutiendra, malgré les attentats des rebelles juifs qui feront exploser l'hôtel King David et ses 90 occupants avec l'administration britannique qui aurait conservé les dossiers sur le terrorisme sioniste.

Le quotidien Haaretz parlera « crime horrible … il n’est pas possible de construire un Etat juif sans respecter les valeurs traditionnelles et tous les commandements ».

Peine perdue.

Une traque conduira à l'arrestation des leaders du mouvement sioniste, l'opinion internationale se retournera contre les juifs, comme aujourd’hui contre le Hamas. Ben Gourion ne condamnera pas les attentats et deviendra le chef clandestin de la milice Haganah.

Comme le Hamas très probablement, les groupes armés juifs seront financés par une puissance étrangère, en l’occurrence les États-Unis, puis par les juifs d’Europe dont les Rothschild pour l'implantation de leurs coreligionnaires en 1948 sans s'y installer eux-mêmes. Ces groupes chercheront à terroriser les habitants palestiniens afin de les inciter à se déplacer et migrer hors du pays.

Ben Gourion qui aurait pourtant compris la nécessité d'une amitié judéo-arabe, ne pourra éviter les guerres dès 1947 contre les arabes palestiniens puis contre les pays arabes voisins. 

 

 

Le contexte compliqué de l’époque fera dire à Ben Gourion qu'Israël ne serait pas né sans la volonté russe.

Voyant sa population danser après l'annonce par l'ONU de la création de l'état d'Israël, Ben Gourion écrira "...demain ils pleureront des larmes de sang", une prophétie aidée par les réactions arabes.

 

Le Visage d'Israël ou la Naissance d’Israël (Chagall)

 

Les juifs américains financeront l'acquisition israélienne d’armes tchécoslovaques. Fin du mandat britannique, début de l'intervention arabe pour récupérer son territoire, les israéliens tueront et chasseront de leurs villages les populations qui s'entasseront dans des camps. 

Les vieux mourront, les jeunes oublieront...

 

Emblème Irgun (milice sioniste)

 

S’agissant des actes terroristes sionistes.

Dans un article du Courrier International, Ben Morris révélait ses dernières découvertes racontées avec la réédition de son livre « La naissance du problème des réfugiés palestiniens 1947-1949 » enrichi de passages sur les méthodes israéliennes utilisées par son armée issue de combattants clandestins et terroristes sous le mandat anglais, pour occuper les territoires attribués aux palestiniens par l’ONU.

Un témoignage rare sur l’histoire habituelle d’Israël qui ne s’étend pas sur les passages douloureux de sa récente naissance. Ceux qui s’y risquent sont accusés d’antisionisme, ennemi de leur peuple. Ces « nouveaux historiens » universitaires revisitent la création moderne d’Israël à la lumière de leurs compétences (sociologie, économie, histoire…) sans crainte de remettre en cause les mythes officiels, comme les archéologues israéliens courageux avant eux. Ben Morris en fut, son opinion changera.   

Extraits.

Ben Morris (BM) : « …  Il y a eu beaucoup plus de massacres que je ne le croyais. En avril-mai 1948, les unités de l’Haganah [armée juive] ont reçu l’ordre précis d’expulser les villageois [palestiniens] et de détruire leurs maisons…

Courrier International (CI) : Combien de massacres ont été commis par les Israéliens en 1948 ?
BM : « Vingt-quatre, (NDA : 57 selon d’autres sources) dont la moitié dans le cadre de l’opération Hiram [en Galilée]. Divers officiers ont apparemment compris que les expulsions auxquelles il leur était ordonné de procéder les autorisaient à commettre des exécutions arbitraires. Personne n’a été sanctionné, et Ben Gourion a couvert les auteurs… »

CI : L’opération Hiram contenait un ordre global et explicite d’expulsion ?
« Oui. Le 31 octobre 1948, après une visite de Ben Gourion au QG de Nazareth, le commandant du front nord, Moshe Carmel, ordonnait par écrit d’accélérer le départ de la population arabe. De même, en juillet 1948, Yitzhak Rabin signait l’ordre d’expulsion des habitants de la ville de Lod après une visite de Ben Gourion. Ce dernier comprenait qu’il ne pourrait y avoir d’Etat juif avec une large majorité arabe hostile en son sein. Les viols et les massacres ne souffrent aucune justification. Ce sont des crimes de guerre. Mais, dans certaines circonstances, une expulsion n’est pas un crime de guerre. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et il faut parfois se salir les mains… Nous parlons de l’assassinat de milliers de personnes et de la destruction d’une société entière.
Une société qui a l’intention de vous tuer vous oblige à la détruire. L’alternative est : détruire ou être détruit. En 1948, l’alternative était : l’épuration ethnique ou le génocide, l’anéantissement de notre peuple. Un Etat juif ne pouvait naître sans le déracinement de 700 000 Palestiniens. Il fallait expulser la population et épurer l’arrière-pays, les zones frontalières et les routes. Le peuple palestinien a subi une terrible tragédie. Mais, si la volonté d’édifier ici un Etat juif était légitime, il était impossible de laisser une cinquième colonne dans le pays. Attaqué par les Palestiniens et ensuite par les pays arabes, le Yishouv [la présence juive en Palestine] n’avait d’autre choix que d’expulser la population palestinienne. Après tout, si le peuple arabe s’est octroyé une bonne partie du globe, ce n’est pas seulement par ses qualités et par ses compétences, mais aussi en conquérant, en assassinant et en forçant les peuples occupés à se convertir.
Les massacres et les exécutions de 1948 ont fait 800 morts, ce qui n’est rien comparé aux massacres de Bosnie. Si l’on tient compte du fait qu’une guerre civile terrible sévissait et que nous avons perdu 1 % de notre population, nous nous sommes même plutôt bien comportés. Mais Ben Gourion a commis une erreur historique en 1948. Il avait beau appréhender l’enjeu démographique, il n’est pas allé au bout des choses. Mon sentiment est que cet endroit serait moins pénible à vivre si l’hypothèque démographique avait été levée une fois pour toutes. Si Ben Gourion avait nettoyé le pays dans son entier, notre Etat aurait été consolidé pour plusieurs générations. Si l’Histoire doit un jour mal finir pour les Juifs, ce sera à cause d’un Ben Gourion qui n’a pas parachevé le transfert en 1948 et a maintenu une réserve démographique [arabe] en Cisjordanie, à Gaza et en Galilée.

CI : Aujourd’hui (2004), plaideriez-vous en faveur d’un transfert ?

Aujourd’hui, non. Ce ne serait ni moral ni réaliste. L’humanité ne nous le permettrait pas, le monde arabe non plus, et cela détruirait la société juive de l’intérieur. Mais, dans des circonstances apocalyptiques susceptibles de survenir d’ici cinq ou dix ans, comme une nouvelle guerre avec les pays arabes, des expulsions seront envisageables, voire inévitables. La “palestinisation” des Arabes israéliens en fait une bombe à retardement, un ennemi intérieur et une cinquième colonne capable de saper l’Etat d’Israël tant en termes démographiques que sécuritaires. »

CI : Votre jugement n’est-il pas trop influencé par trois ans de terrorisme ?
« Je comprends la haine des Palestiniens, leur volonté de se venger des bouclages, voire de la création d’Israël. Mais ce n’est pas une explication suffisante. Malgré l’oppression des peuples d’Afrique par les puissances européennes, il n’y a jamais eu de terrorisme africain à Londres, à Paris ou à Bruxelles. (NDA : les colonisateurs européens n’ont pas expulsé de leurs terres les colonisés, mis à part les allemands avec leur
premier génocide) Nous-mêmes, malgré l’énormité des crimes allemands, ne faisons pas sauter de bus à Munich et à Nuremberg. Nous affrontons ici quelque chose de profondément ancré dans les cultures arabe et islamique, où la vie humaine n’a pas le même poids et où la liberté, la démocratie, l’ouverture et la créativité sont perçues comme des valeurs étrangères. Dans la culture tribale arabe, la vengeance est une valeur centrale. La société à laquelle nous sommes confrontés n’a aucune inhibition morale. Si elle parvient à se doter d’armes chimiques, biologiques ou atomiques, elle en fera usage et, si elle le peut, elle commettra un génocide… Nous sommes responsables pour une large part de la haine des Palestiniens.

CI : Vous reconnaissez vous-même que les Palestiniens ont subi une catastrophe historique. Qui sont les tueurs en série ?

BM : Les barbares qui en veulent à notre vie… dans l’attente de la panacée, il faut les emmurer et les empêcher de nous tuer. Il y a là une bête sauvage qui doit être mise en cage. (NDA : expression réutilisée par le chef d’Etat-Major israélien Halevi 10/2023) Ben Gourion voyait juste quand il disait que seule la force convaincrait les Arabes d’accepter notre présence ici.

CI : Si le sionisme se révèle si dangereux pour les Juifs, peut-être fut-il une erreur ?

BM : « Non. La fondation d’un Etat juif dans ce pays était légitime… Il ne nous reste alors que deux issues : la cruauté ou l’abandon du sionisme »

CI : Votre vision de l’Histoire n’est-elle pas inhumaine ?

« Si. Mais ce n’est pas l’affaire des Palestiniens ; c’est celle d’un peuple juif qui a souffert pendant deux mille ans (NDA : ou qui a voulu rester à part pendant deux mille ans), survécu à la Shoah et récupéré son héritage dans le sang, sans pour autant être à l’abri d’un prochain anéantissement. C’est bien plus tragique que ce qui est arrivé à cette petite partie de la nation arabe qui résidait alors en Palestine. Nous avons beau opprimer les Palestiniens, nous restons la victime en puissance. Nous sommes une minorité isolée dans un océan d’Arabes qui ne songent qu’à nous anéantir. Lorsque leur désir deviendra réalité, vous comprendrez ce que je dis aujourd’hui, mais il sera trop tard. »

Quel palestinien ignore ces confessions ?

 

En mémoire de la shoah des sirènes retentissent et les israéliens s'immobilisent et se souviennent. Aucune n'a jamais sonné en mémoire des arabes massacrés, ni en Palestine ni dans aucun pays arabe. Le conflit israélo-palestinien n'est pas près de s'oublier, pourtant aucun tribunal n'a été sollicité pour le juger. Russes, anglais et américains promoteurs de cette histoire masquée par la shoah, ne souhaitent pas rappeler leurs responsabilités. Ils savaient pourtant ce que Ben Gourion avait compris ; « Si j'étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C'est normal ; nous avons pris leur pays … Ils ne voient qu'une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela ? » 

Mais il avait encore tort, les Palestiniens étaient prêts à signer un accord avec Yitzhak Rabin qui sera assassiné par un terroriste extrémiste juif. Son successeur oubliera la promesse de ce courageux Premier ministre.

 

 

 

(1) Ben Morris est un historien israélien, professeur dans le département d'études du Moyen-Orient à l'université Ben Gourion du Néguev à Beer-Shev’a. Il est à classer avec les historiens rares capables de réécrire leur livre et revoir leurs jugements à la lumière de nouvelles informations. Comme Robert Paxton avec « Vichy et les juifs »

(2) Courrier International (2004) « Ben-Gourion-aurait-du-expulser-tous-les-arabes »

Illustration. Drapeau yishouv -juifs de Palestine (Larousse)

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