Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'apostilleur

Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)

Black M: erreur de casting et embrouillaminis au PS

La péripétie Black M ou comment le PS conduit-il à laisser penser ses électeurs comme le FN ?

Black M à Verdun, est un concentré de frilosités politiques et de postures de gauche qui laissent à la seule droite la défense de valeurs qui devraient être celles de la Nation. C’est le révélateur d’un point de vue partisan qui oublie d’écouter ce que pensent les français à propos de considérations qui ne concernent pas la politique. Politiser ces évènements, c’est limiter les raisonnements qu’ils suscitent à des commentaires partisans.

A l’origine de la polémique une « faute de goût » certaine ; choisir Black M pour commémorer VERDUN ! On aurait pu deviner que ce choix ferait polémique, les paroles de ses chansons ne s’adressent pas vraiment aux héritiers des poilus de la Grande Guerre. Le Monde en a choisi quelques-unes révélatrices des pensées du rappeur :

  •  Des propos jugés « anti-France » : cette « conne de France » (Le ghetto s’exprime, avec Sexion d’Assaut, 2004), « ce pays de kouffars », c’est-à-dire de mécréants (Désolé, avec Sexion d’Assaut, 2010).
  •  Des propos « homophobes » comme « je crois qu’il est grand temps que les pédés périssent » (On t’a humilié, avec Sexion d’Assaut, 2010).
  •  Une supposée « dent contre l’école » à cause de la phrase : « A une époque, j’voulais me procurer un Smith et Wesson. Une petite voix me chuchotait : “Vas-y, tire sur l’école.” » (Madame Pavoshko, Black M, 2014).
  •  D’autres l’accuseront par la suite d’être l’auteur d’une chanson « antisémite » pour la phrase « les youpins s’éclatent et font des magasins ». Il s’agit en fait de la chanson Dans ma rue, de Doc Gyneco, reprise par Black M en 2015, ce qui lui a valu un boycott des radios belges.

Résultat, à droite et à l’extrême droite on profite de l’aubaine. Opportunément ils rejoignent une majorité de français qui s’indignent eux, sans se référer préalablement à leur conviction politique.

Des représentants de gauche réagissent contre les interventions de la droite mais ne se positionnent pas sur le fond. Défendre Black M aurait consisté à dire que ‘’malgré ses propos Black M a sa place dans un concert à Verdun’’, ce que personne n’a osé dire. La gauche s’est même défilée devant la responsabilité du choix de Black M dans un embrouillamini déconcertant. (cf Le Monde) :

  • Jeudi 12 mai, le secrétaire d’Etat chargé des anciens combattants et de la mémoire, Jean-Marc Todeschini, se désolidarise de la Mairie de Verdun dans un communiqué:« Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants et de la mémoire, dément formellement l’information qui circule dans certains médias et sur les réseaux sociaux selon laquelle le chanteur Black M se produirait dans le cadre de la cérémonie officielle de la bataille de Verdun. »
  • Le maire de Verdun PS défend « un choix collégial »
  • Face aux critiques, Jean-Marc Todeschini, affirme mercredi que « ce n’est ni l’Etat, ni le gouvernement, ni le président de la République qui ont choisi tel ou tel chanteur ». Faux, rétorque le maire de Verdun, Samuel Hazard (PS), qui assure que le nom « a été proposé par l’Etat », et que le choix de Black M a été collégial. « Cette proposition a été faite à la ville de Verdun. Ce n’est pas l’Elysée ou un ministre qui a lancé l’idée, mais ça vient de l’Etat. Puis la décision a été prise collégialement dans le comité interministériel Verdun 2016 en avril, avec la Mission du centenaire, l’Etat, le département et les collectivités. »
  • Opérateur de l’Etat pour ces commémorations de la première guerre mondiale, la Mission du centenaire assure pour sa part que « la décision de faire venir Black M a été prise par l’agglomération du Grand Verdun »
  • Contacté par l’AFP, le secrétaire d’Etat ajoute que l’Elysée et François Hollande n’ont rien à voir avec le choix de Black M. « Le nom a été proposé par l’Etat ! », a rétorqué le maire de Verdun.

Finalement, rien ne permet pas de savoir qui est à l’origine du choix de Black M.

Le secrétaire d’Etat minimise le rôle de Black M qui n’est qu’ « en marge des cérémonies »:

  • Selon lui (Jean-Marc Todeschini), le rappeur doit en fait se produire en marge des cérémonies

Black M se dit affecté par les réactions à son encontre et à sa participation à l’évènement de Verdun qui n’est qu’ « en marge de la commémoration »

  • Le chanteur déplore les « propos haineux » dont il a été victime ces derniers jours. Il rappelle qu’il a été « éduqué par la France, terre d’accueil de [s]es parents, terre qui [l]’a vu grandir et permis de vivre de sa passion ….. Une polémique incompréhensible et inquiétante a malheureusement entraîné l’annulation de ma participation à cette manifestation », relève-t-il.
    Il précise avoir « ressenti une immense fierté lorsque l’on a fait appel à [lui] pour participer à un concert en marge de la commémoration de la bataille de Verdun, pour l’ensemble des jeunes Français et Allemands. »

Il « ..déplore les propos haineux à son encontre… », est-il contrit lui lorsqu’on lui rappelle les siens à l’encontre des français ‘’conne de France’’ ‘’ pays de kouffars’’’’ …que les pédé périssent’’…, ? Il dit encore :

  • « Je ne peux rester sans réponse face aux propos d’une extrême violence, tenus à mon égard, ces derniers jours. Je suis d’autant plus attristé par cette situation qui peut aujourd’hui toucher des milliers d’autres Français. Moi, Alpha Diallo, enfant de la République et fier de l’être, souhaite, par ce communiqué, faire barrière à ces propos haineux. »

Cette situation ne touche pas « …des milliers de français », elle ne concerne que lui qui en est le déclencheur. Par ailleurs, qui peut comprendre son indignation univoque ? A-t-il compris celle de ceux qu’il a indigné ? S’il avait publiquement montré des regrets il aurait facilité la tâche de ses défenseurs, la gauche aurait pu alors s’appuyer sur ce changement pour défendre ses positions et les commentaires de la droite n’auraient pas eu le même fondement.

De ce fait, les « défenseurs » de Black M en réalité ne le défendent pas mais se positionnent par rapport à la droite ou restent sur des positions de principe. Exemple (cf Le Monde) :

  • Jack Lang répond au FN, ne dit rien sur le fond et se limite à « …condamner l’interdiction ». On aurait aimé l’entendre à propos des paroles de Black M.
  • Jack Lang, a déploré sur France Inter l’annulation du concert à Verdun, estimant qu’il ne fallait pas « capituler devant l’idéologie frontiste ». « La Mairie de Verdun aurait dû maintenir le concert, et d’ailleurs c’est illégal d’interdire une manifestation artistique comme celle-là, aucune raison ne le justifiait, il n’y avait aucune menace à l’ordre public, aucun risque de violence. (…) Je souhaiterais que nous soyons nombreux à dire que nous condamnons cette interdiction. »
  • Audrey Azoulay ministre de la Culture …
  • «Des voix déchaînées ont obtenu l'annulation d'un concert au nom d'un ordre moral nauséabond et décomplexé. N'acceptons jamais cela. Ce n'est pas la première fois que l'autocensure succède à ces coups de force inacceptables», La ministre de la Culture a estimé qu'il était important «de réaffirmer nos valeurs et de défendre la liberté de création».

Les valeurs auxquelles elle se réfère sont en réalité en contradiction avec les paroles de Black M. Le positionnement « de principe » de ces représentant de gauche ne sont pas celles de la gauche toute entière. Ils déconsidèrent les valeurs fondamentales heurtées par les propos de Black M en défendant celles des libertés artistiques ce qui s’entend parfaitement, sauf que ce positionnement est déconnecté du fond qui est « ce que dit Black M ».

  • Christiane Taubira nous fait penser à quelqu’un … « Que celui qui n’a jamais fauté jette la première pierre », elle tweete :
  • Et voilà! Ceux qui n'ont jamais ni fauté ni combattu sont les rois du bannissement (*)
    Ils n'ont jamais prononcé une parole de travers puisque toutes leurs paroles sont de travers.
    Ils n'ont rien à voir dans les idées putrides qui naviguent sans cours d'eau pour stigmatiser par l'origine, la croyance, la culture, la façon d'aimer. (**)
    Ils n'ont rien à voir dans les préjugés qui serpentent pour dresser les uns contre les autres... (*
    **)

La défense de Christiane Taubira ressemble plus à une position de principe qu’à une défense argumentée. Commentaires :

(*) Si Christiane Taubira veut nous dire que Black M doit pouvoir bénéficier d’une rédemption elle a raison, mais après que le bénéficiaire aura fait acte de contrition. Cette valeur de notre droit doit pouvoir s’exercer dans le cadre de la vie en société. (**) Même si c’est vrai et condamnable, on est dans le procès d’intention et hors sujet. (***) En l’occurrence dans l’affaire Black M qui nous intéresse, qui dresse les uns contre les autres ? Black M le premier.

Finalement, la péripétie BLACK M aura révélé encore les réactions superficielles de certains politiques peut-être prétentieux, qui ne doivent pas croire qu’une petite phrase comme ça, bâclée précipitamment sur un coin de table, peut retourner le sentiment des français silencieux. Ils ont été touchés par les chansons d’un rappeur qui souhaite peut-être aujourd’hui leur faire oublier ‘’conne de France’’ ‘’ pays de kouffars’’ ’’ …que les pédés périssent’’.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article