Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)
13 Février 2025
En Guadeloupe la machette a quitté les champs de cannes à sucre et les tontons macoutes pour s’inviter dans l’art politico caraïbe. Mais aujourd’hui à Pointe-à-Pitre qui porte bien son nom en l’occurrence, on réveille les souvenirs d’une mauvaise manière avec une peinture qui représente un guadeloupéen avec un drapeau indépendantiste et la tête décapitée sanguinolente du Président français.
Blow est un artiste apparemment indépendantiste qui estime « qu'il a usé de sa liberté d'expression et que son œuvre est, avant tout, symbolique ».
Souhaitons-lui de faire valoir son bon droit qui aura pour conséquence que ceux qui s’en prendront à une œuvre artistique seront désormais déboutés avec cette jurisprudence, comme par exemple Rama Yade l’ancienne ministre soutien du wokisme « … noble combat de justice et de revendication d’égalité », et qui disait « … vivre comme une « micro-agression » de devoir passer devant la statue de Colbert ». Elle perdra son « droit » à se plaindre et de s’en prendre à des statues, comme aussi la « Brigade Anti-Négrophobie » qui avait tagué et jeté de la peinture sur la statue du grand homme devant l’Assemblée nationale.
Comment pourrait-on trier parmi les représentations artistiques pour abolir leur « liberté d'expression » ? Certaines œuvres ne bénéficieraient donc pas de cette liberté artistique comme revendiqué par Blow ? Y aurait-il une liberté manipulable ? Qui sont les matons de cette conditionnelle ?
Si le Président devait être débouté de son action en justice contre l’artiste au motif de sa « liberté d'expression », certains trouveraient déplorable qu’un Président de la République doive subir cet outrage. Mais d’autres y trouveraient désormais raison à balayer les revendications wokistes à large éventail et jusqu’à s’en prendre même à la célébration de l’abolition de l’esclavage à l’Assemblée Nationale.
Depuis plus de 30 ans tous les députés connaissent ce "petit-coin" du sous-sol de l’Assemblée Nationale
La sortie de route « artistique » de Blow condamnée ou pas, servira malgré tout de précédent désormais pour sauvegarder des représentations artistiques, l’œuvre et le jugement de Blow pourront être rappelés à chaque déconnage anti-culturel wokiste. Reste que le Président à qui personne ne reprochera de porter plainte, se frottera au droit des artistes qui protège leur liberté de création aux rares limites. Les caricatures de Charlie avaient déjà permis d’aborder le sujet dont on pensait qu’il était sacralisé, comme avec les représentations récentes lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris; quelle plainte a suivi la projection « artistique » de Marie-Antoinette sur la façade de la Conciergerie ?
On peut se douter que ce fâcheux précédent sans conséquences laissera sans suite la plainte du Président car sinon, on pourrait représenter Marie-Antoinette portant dans ses mains sa propre tête décapitée et interdire l’œuvre du Guadeloupéen ?
Une lèse-Président prévaudrait sur une lèse-Majesté ?
Comment s’étonner de ces dérives provocantes d’artistes en mal d’inspiration, admirations de groupuscules pseudo-artistiques, révolutionnaires de théâtre, cajolés par des parisianistes subjugués par les muses non genrées de la Cène sur la Seine ?
On fera une digression ici pour étayer la question.
Copier à l’identique n’évoque que peu d'intérêt « artistique », l’exorbitance et le saccage qui surprennent et choquent garantissent à l’auteur qui franchit le mur de l’indifférence la notoriété, voire le succès. Quelle que soit l’intention, artistique, politique, esthétique de l’auteur. On ne sait pas si le Picasso caricatureur des œuvres des maîtres - Le Greco, Vélasquez, Poussin, Goya... (expo. Grand Palais 2008) - affichait son impuissance à les reproduire, se moquait-il ? Avouait-il une distance entre lui et les maîtres comme avec ses danseuses et celles de Degas ou une disconvenance sociale ?
L’accaparement artistique, une nécessité révolutionnaire (1) qui se perpétue avec une constante, moins elle trouve de raison à son fondement social, plus son expression lui impose une outrance monopolisée par une intelligentsia adémocratique. Car demandez à ceux qui luttent contre cette oligarchie et ses oukases artistiques, comment la contradiction est vécue dans le milieu de la bien-pensance qui règne sur « l’unanimité ». L’entre-soi nécrose, l’art contemporain corrompu en est trop souvent le produit.
De l’art à l’Histoire et ses mauvais exemples politisés.
La terreur façon 1793 reste un graal que les oppositions galvaudent sans en mesurer les conséquences. Comment ne pas voir un lien entre l’indépendantiste Blow et les dérives lfistes de Garrido et Mélenchon ? En 2020 Mélenchon était intervenu pour défendre « l’esprit de 1789 des Français et l’humour… » de Raquel Garrido avec son tweet : « Louis XVI on l'a décapité, Macron on peut recommencer ».
En octobre 2022, le petit Robespierre Mélenchon voulait enflammer une manifestation prévue décente par le PS et EELV sans lui, contre la vie chère avec la même méthode et son incitation à la violence par analogie révolutionnaire ; « Le 5 et le 6 octobre 1789 les femmes marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi la reine et le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16 octobre ». D’où que viennent ces paroles irresponsables répétées des historiens de circonstance, le modèle est condamnable. Il conduit à l’expression artistique du guadeloupéen aux allures de tract.
On croyait les décapitations éradiquées en Occident jusqu’à celle du professeur Samuel Paty par un islamiste Tchétchène, l’attaque au couteau du tunisien Brahim Aouissaoui à Nice, l’égorgement du professeur Dominique Bernard, égorgé aussi le Père Hamel dans son église par Adel Kermichesous et Adel Malik... François Hollande président de la République effaré, avait parlé sur place de « guerre contre le terrorisme » à mener « par tous les moyens ». Y compris contre les artistes extrémistes et leurs avocats politiciens ? On le saura avec le jugement qui sera prononcé à l’issue de la plainte du Président et dont le soldat Blow a déjà présenté sa ligne de défense ; « Je me sens attaqué dans ma liberté d’expression ».
La liberté d’expression touche à la liberté de conscience capable d’égorger chacun d’entre-nous. Des garde-fous ont été placés par le Conseil constitutionnel à « la liberté de conscience dans sa dimension religieuse... », il serait regrettable qu’il s’y trouve contraint pour d’autres motifs.