29 Janvier 2022
Avec Taubira qui n’a ni l’intention de participer à la renaissance d’une social-démocratie, ni le souhait d’apporter un soutien aux partis de la gauche extrême, on a trouvé avec elle un sniper qui tire sur l’ambulance populiste et exacerbe les tensions.
Dans l’ambulance, notre « gauche » française bataille pour sa survie plutôt que pour une renaissance. L’agonie résulte d’une longue maladie par contamination d’un penchant extrémiste avec ses prédicateurs aguerris à la polémique agressive plutôt qu’à l’élaboration d’un programme commun acceptable par les citoyens. Les partis résiduels de cette gauche radicalisée, ersatz de la dernière gauche de gouvernement, ont développé une incapacité lourde ; l’impossibilité pour ses courants de se parler. Il faut remonter au professeur Mitterand et ses remèdes florentins pour trouver une médication fragile mais efficace un temps. Certes, il avait su choisir des figures à la hauteur sans comparaison avec celles des suivants.
Pompier ou pyromane, Taubira débarque de Guyane avec l’idée d’imiter le Président Macron; se faire élire sans parti au risque d’aggraver la maladie.
L’impétrante à l’ambition débordante, a des moyens limités. Avec sa stratégie du coucou qui consiste à dégager ceux en place sans avoir travaillé à l’édifice, elle indispose les caciques de la gauche extrême que l’on pourra comprendre, coincés entre l’envie de lui dire ce qu’ils pensent d’elles et la retenue nécessaire qu’ils se doivent. Ils pourraient froisser alors leurs électeurs, susceptibles votants à la primaire populaire. Ils rongent leur frein et font le dos rond. Pendant que Taubira sans contingence revendique l’inclusion, refuse de commenter le débat Zemmour Mélenchon, refuse de débattre des choix de Mélenchon et préfère aller au cinéma que de « se taper ça ». On comprend mieux pourquoi Mélenchon ne veut pas entendre parler d’elle.
D’autant qu’ils se rappellent, que l’édile guyanaise est coutumière du fait en plombant Jospin lors de l’élection présidentielle de 2002 dont elle disait récemment « si c’était à refaire je le referais ». Ceux qui n’ont pas oublié ses coups bas lui ont gardé un chien de leur chienne, les autres sont prévenus.
Dégoûtés et raisonnables, les électeurs de l’ancienne gauche ont rejoint massivement LREM et le RN, souvent faute de mieux comme souvent en politique, et n’ont toujours pas trouvé chez les saboteurs du PS un programme moderne, consensuel, capable d’entrainer une majorité de français. Même Julien Dray pourtant ancien de la gauche de la gauche ne se reconnaît plus dans ces mouvements de trublions. Il se demandait récemment pour qui voter et même s’il allait voter. Le mal est profond à gauche.
Taubira, une politicienne accomplie aux prises de positions aléatoires.
Considérant en son temps que les députés devaient obéir au parti, devant la résistance de certains radicaux de gauche elle pérorait « ils ont fini par se plier à la décision du parti ». L’inconstante opportuniste, oublieuse de ce qui valait un temps pour son profit, se contredit totalement aujourd’hui et voudrait qu’on oublie les appareils, pour elle, hors les partis.
Politicarde et langue de bois, au motif qu’elle n’a pas assez d’informations sur le vaccin elle déclarait (RTL 09/2021), « Je n’ai pas vocation à appeler à la vaccination... j’ai une parole forte que je ne veux pas décrédibiliser… ». Taubira a suffisamment d’informations pour se faire vacciner, mais pas assez pour le demander aux guyanais dont le taux de vaccination est le plus bas de France avec les guadeloupéens. Elle préfère caresser dans le sens du poil ses électeurs locaux antivax majoritaires. Un clin d’œil probable à ses origines indépendantistes guyanaises. Un peu plus tard elle se contredira sans vergogne (01/2022 France 5) "il semble qu'il vaille mieux imposer le vaccin… le vaccin est la seule solution … Je pense que le président de la République aurait pu prendre la décision d'une obligation vaccinale".
Comment ne pas comprendre les 95% de français qui ne veulent pas lui confier le pays ?
On sait qu’elle sait comme tous les partis de la gauche extrême, qu’il n’y aura pas de Président issu de ces rangs. Alors pourquoi cette intrusion ? Par opportunisme égoïste. Habituée à ses scores pitoyables (1,54% aux Européennes 2004) et à des alliances ratées dont celle avec Hamon, elle connait ses basses limites.
Cette participation à la primaire populaire pourrait être son chant du cygne politique en trompe l’œil.
Les participants annoncés pour la primaire populaire ne sont pas un soutien à Taubira, mais la manifestation de l’effritement des LFI, PS et EELV incapables de sortir du bas de tableau des intentions de vote. Non convaincus par ces offres, ces participants manifestent leur agacement face aux nouveaux apparatchiks de la gauche populiste dont la résistance à une nécessaire refondation les rapproche de la fin. Les français ont abandonné cette gauche qui s’est déjà effondrée en perdant la moitié de ses électeurs en quelques années.
Heureusement pour le bien du pays, ils ne se rallieront pas. Qui imagine Taubira, Mélenchon Jadot et Hidalgo gouverner ensemble ? Même pas eux.
Pour ceux qui en douterait, Taubira déclare se soumettre aux votes de la primaire populaire mais refuse de s’engager à soutenir un autre vainqueur. En clair c’est le moyen pour elle, l’indépendantiste sans parti qui voudrait imiter le Président Macron, de razzier dans les autres partis qu’elle contribuera à affaiblir d’autant plus, comme elle l’a fait avec un PS dont on comprend bien pourquoi elle n’a plus le soutien.
Si Taubira ne rassemble pas de voix pour ce qui précède, les quelques traits qui suivent ne l’aideront pas non plus. L’ancienne autonomiste de Guyane a déjà dévoilé son communautarisme avec ses prises de position à propos de la traite négrière et de l’esclavage. Elle condamne celle transatlantique mais pas celle arabo-musulmane encore plus grande au motif que nos « jeunes Arabes ne doivent pas porter sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes ». Un ségrégationnisme détesté par ceux qui s’en souviennent.
Non contente d’avoir pilonné les décisions du PS quand elle était au gouvernement, elle récidive avec ce qui reste d’une gauche disparate avec ses derniers éléphanteaux profitant de leur incapacité à construire un programme commun présentable au français. Pourtant Mélenchon et Hidalgo ont écologisé leur programme comme Jadot l’a socialisé.
La question de l’immigration siphonne la gauche extrême qui dénie le sentiment de « 70% des français qui jugent qu’il y a trop d’étrangers en France ». En 2020 J Julliard (Marianne) « Et si la gauche, qui aurait besoin d’une unité complète pour espérer figurer au second tour de la présidentielle, se refuse à en prendre le chemin, ce n’est pas seulement à cause des rivalités personnelles, c’est parce que ses dirigeants sont persuadés en leur for intérieur qu’ils ne parviendront pas – pas plus que leurs électeurs – à se mettre d’accord au chapitre de l’islam. »
Quand Macron avançait que « Les bourgeois n’avaient pas de problèmes avec l’immigration, les classes populaires vivent avec » et que c’était donc davantage un problème pour les classes défavorisées à qui on brûle les voitures, Jadot "… ne voit pas de problème avec l'immigration en France aujourd'hui" et Mélenchon solutionne la question avec son « couloir humanitaire » pour faire passer les migrants chez des anglais qui n’en veulent pas. Circulez !!
Comme Mélenchon, Hidalgo n’a pas terminé son assimilation et revendique au nom de ses origines une ouverture de la France « avec des règles » qu’elle ne donne pas, et s’offusque en même temps "… quand des gens nous attaquent, il ne faut pas qu'ils aient le droit d'être sur notre territoire". Elle ne s’entendra pas non plus avec Duflot ou Taubira qui a enterré la déchéance de nationalité en visite à Alger en 12/2015, au motif que le droit du sol est «un pilier fondamental dans l'histoire de la construction de la communauté française, sur une base civique et non pas sur une base ethnique». Un témoignage de son obsession communautariste. Pour Cambadélis «Ce n'était pas une idée de gauche», quand Ségolène Royale partageait l’avis contraire de F. Hollande et des français.
Même avec le succès qu’on lui annonce à la primaire, il y a peu de chances qu’on la voit courir le risque de ne pas passer les 5% de votants et donc d’assumer les coûts de sa campagne. Finalement elle aura contribué à laminer encore plus la gauche extrême déjà moribonde. Saura-t-elle imiter le courageux Montebourg ?
Jacques Julliard a raison, "Si la gauche veut recommencer à exister, elle doit redevenir elle-même".
Les intellectuels de gauche devraient lire le dernier livre de Jean Daniel (ancien patron du Nouvel Observateur) dont le Figaro donne un aperçu : « La gauche n'a pas seulement perdu le peuple au sens sociologique du terme, elle ne l'a pas non plus perdu seulement en tant que réalité politique, communauté historiquement constituée cimentée par des souvenirs, une langue, des mœurs, elle a perdu l'homme, les hommes, conspuant depuis plusieurs décennies, le besoin d'histoire et d'histoires même, de passé, de racines, de continuité historique »