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L'apostilleur

Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)

Les actes antisémites en France ; 74% de hausse ou 33% de baisse ? Des chiffres qui sont des calculs.

 

Deux graphiques pour présenter la même information.

Que peut-on dire avec ces chiffres qui décrivent l’évolution des actes antisémites en France ? Un peu ce qu’on veut en fonction des périodes de référence.

Sur un an la hausse est de 230 cas, 2 ans avant la baisse était de 473 … Sur 10 ans la moyenne est de 550 cas, la hausse constatée en 2018 conduit à un nombre (541 cas) inférieur à cette moyenne, etc.

Les variations montrent aussi:

  • une hausse de 74%   sur 1 an
  • une baisse   de  5%    sur 20 ans
  • une baisse   de 16 %  sur 10 ans
  • une baisse   de 33%   sur 3 ans

Ces chiffres démontrent surtout que le phénomène est têtu et stable en moyenne. Tous les gouvernements y ont été sensibles et malgré leur persistance aucun n’a pu apporter de solutions pour l’éradiquer. Ni en France, ni ailleurs. Pourtant le communiste JC Gayssot s’est honoré en s’y essayant avec sa loi éponyme de 1990 «… tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe ». Le titre de la loi (un peu réducteur) voulait montrer que l’Etat compatissait et luttait contre l’antisémitisme. Heureusement, le caractère exclusif du titre en faveur des juifs, disparaissait au profit d’un régime plus égalitaire considérant également les religions dès l’article 1: « Toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite. », inspiré de la déclaration NOSTRA AETATE (Vatican II 1965) ; « …l’Église réprouve, en tant que contraire à l’esprit du Christ, toute discrimination ou vexation dont sont victimes des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur condition ou de leur religion… »

A l’évidence cette loi n’a pas suffi à éradiquer l’antisémitisme en France, pas plus que les milliers d’articles et autres interventions médiatiques pendant le même temps. Alors faut-il continuer à donner des tribunes médiatiques ahurissantes aux délinquants et à « victimiser » la communauté juive ? Pour lutter contre les incendiaires de voiture de la Saint-Sylvestre, les préfectures ont finalement occulté les chiffres.

On pourrait méditer sur les actes anti-chrétiens bien plus nombreux qui font l’objet de trop peu de réactions ou sur la mort du père Hamel égorgé dans son église qui n’a produit ni manifeste ni manifestation... Les chrétiens semblent appliquer ce que le Talmud enseigne aux juifs ; « Toute personne qui invoque le pardon de son prochain ne devra pas le requérir plus de trois fois. Il faut pardonner, sous peine d’humilier ou de décourager l’autre. » 

Pour revenir aux actes antisémites, l’auteur de la croix gammée superposée à l’effigie de Simone Veil sur une boîte aux lettres a dû être étonné par l’écho de son « œuvre » alors que celui d’insultes taguées dans le métro à l’endroit de Mbappé, a pu être déçu par la différence de traitement des messages. Son auteur avait réussi la prouesse de combiner ses haines contre les noirs et contre les juifs. Il serait néanmoins regrettable que son tag n’ait été relevé que pour sa dimension antisémite. On notera que Mbappé, jeune garçon brillant et généreux, a eu l’intelligence et le sang-froid d’y répondre par le mépris de son silence. A saluer.

Faut-il en conclure qu’un silence méprisant rend insaisissable la cible de ces attaques alors qu’une émotion disproportionnée et répétée cultive les racines de ces messages ? Disproportionnée, pourquoi ?

Lorsque les représentants intellectuels juifs se sont exprimés sur ces événements à l’occasion des nombreuses tribunes sur le sujet, leur conclusion a été unanime; « …la France n’est pas un pays antisémite ».

67 millions de français ne sont pas antisémites, et si le manque de compassion seulement apparent à l’égard de la communauté juive est souligné ici et là, on peut y voir le fait que les français dans leur écrasante majorité, ne se sentent pas coupables de cette situation, qu’ils considèrent que la séquence resservie est sans nouveauté ou qu’ils regardent avec un peu de recul les 74% de Libé. Ils pourront constater aussi que les mesures qui en résultent sont insignifiantes en efficacité à l’égard des auteurs ou du mal, alors qu’elles pourraient contraindre la majorité des français irréprochables (voir plus loin).

Qui sont les auteurs des 541 cas précisés ? Qui connaît les caractéristiques culturelles officielles de la minorité agissante ? Personne. Mais on nous dit qu’il faut y voir « … la montée du radicalisme islamiste » et le manifeste dénonçant le nouvel antisémitisme signé par 250 personnalités et stars accuse « … les médias de rester silencieux sur le sujet (le radicalisme islamiste) ».

Tout le monde sait qu’effectivement ces actes proviennent principalement de la communauté des musulmans français. Notre gouvernement soucieux de la paix entre les communautés, passe sous silence l’origine des auteurs qui s’ils étaient pointés du doigt, l’obligerait à en dévoiler un des motifs essentiels ; la déportation du conflit de Palestine et de s’étendre un peu plus sur ce sujet. Cette minorité est probablement davantage opposée aux orientations d’un CRIF insensible aux conditions de vie à Gaza par exemple, qu’à ces français juifs qui doivent pouvoir vivre comme leurs concitoyens.

Par ailleurs, une minorité non agissante est certainement à trouver aussi chez certains catholiques, conservateurs dans leur ADN cultuel des traces de deux mille ans d’antisémitisme inspiré par la doctrine de l’Eglise. Il aura fallu attendre la déclaration « Nostra Aetate » (1965) portée par un jésuite le cardinal BEA qui a convaincu le pape JEAN XXIII, pour que les catholiques renoncent aux préjugés antisémites traditionnels.

Pour convaincre les premiers, toutes les lois imaginables n’y suffiront pas. Quant aux second encore un peu de temps et leur antisémitisme diffus s’éteindra comme depuis longtemps, les actes qu’ils commettaient.

On ne traitera pas ici la pathologie de certains extrémistes incurables aux outrances inversement proportionnelles à leur nombre.

Pour autant, toutes les inspirations ne sont pas passées en revue. Pour continuer l’inventaire des causes et juger du traitement apporté par ce vacarme médiatique  anti-antisémite, on regardera l’évolution de l’indice de tolérance (d’acceptation) de la communauté juive en France et on notera au passage que la loi Gayssot n’a eu aucune incidence sur l’évolution de ces indicateurs. Ce qui laisse supposer que dans quelques milliers d’émissions encore sur le sujet, à contexte constant, la situation aura peu de chance de changer.

L’intéressant graphique qui suit illustre le niveau de tolérance des communautés en France. Le CNCDH indique en mars 2018, que « …les minorités juives, noires et asiatiques restent les mieux acceptées, les Maghrébins et les musulmans les moins acceptés… «.La communauté juive est donc au plus haut niveau d’acceptation. Ce qui autorise à se demander au passage, pourquoi on n’assiste pas au profit des autres à des campagnes de fraternité, de lutte contre les ostracismes, ou à l’élaboration des mesures nécessaires à une meilleure intégration ?   

 

Les chiffres démontrent bien que les lois sont sans effet pour lutter contre l’antisémitisme millénaire qu’Attali, a déjà commenté, « …L’Histoire, toute l’Histoire, nous apprend que l’antisémitisme fleurit, sous une forme ou une autre… Tel est le nouvel antisémitisme, si vieux… »

Cela n’empêche pas des députés d’envisager de légiférer encore, suivant en cela une vielle antienne du CRIF, en proposant une loi « vocabulaire » qui irait à l’encontre de la position de la France (Article HUFFPOST  du 18/02/201) : « L'antisionisme puni comme l'antisémitisme ?Plusieurs députés prévoient de proposer une résolution ou une proposition de loi afin que l'antisionisme - le fait d'être opposé à la création, l'existence ou l'extension (*) de l'État d'Israël - soit reconnu comme un délit, au même titre que l'antisémitisme, a indiqué le député LREM Sylvain Maillard »

(*) Nos députés fébriles envisageaient d’interdire de « s’opposer à l’extension d’Israël ». Il n’y a qu’un pas pour tolérer l’occupation de nouveaux territoires.

C’est une émanation de la demande que le CRIF adresse depuis des années aux dirigeants français (Sarkozy, Hollande, Valls, Macron) qui l’ont toujours refusée. Le 9 mars 2018 son président F. Khalifat, à propos de « la haine antisémite... »,  rappelait encore « Nous avons besoin, pour la combattre, d’une définition incluant toutes ses formes actuelles, y compris l’antisionisme et le négationnisme."  

Ce projet incroyablement irréfléchi a été porté par des députés ignorant de la position officielle de la France, de l’Europe et du Conseil de sécurité de l’ONU qui condamnent l’occupation et à fortiori l’extension des territoires occupés.

Le CRIF devrait se demander si, à force de répercuter in extenso et sans cesse la position de Netanyahou à propos notamment de l’expansionnisme israélien que condamnent la France, et la communauté internationale, dans quelle mesure il contribue à susciter une forme d’ « antisémitisme » dommageable aux français juifs.

Reste à voir si notre président progressiste influençable va transgresser encore la position historique de la France. Après Alger (*) validera-t-il maintenant l’amalgame « antisémitisme et antisionisme », et enrayer l’effort international contre l’expanSIONISME d’Israël ?   

 

 

(*) où il a déclaré, à propos de l’Algérie, ce qu’aucun président français n’avait fait avant lui «…c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie… »,

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