2 Octobre 2018
Marwan Muhamad ancien du collectif contre l’islamophobie, a sollicité les musulmans en vue d’une nouvelle organisation de l’islam en France et recueilli 27000 participations en quatre mois, nous dit Libé. D’aucuns ne seront pas étonnés que seulement 7% des musulmans accordent leur soutien au « Conseil Français du culte musulman » (CFCM) très controversé par les musulmans depuis des années, et que 63% appellent à une organisation nouvelle pour les représenter. Ceci étant, il ne faut évidemment pas en déduire qu’une organisation serait capable de réunir ces 63% de musulmans (et les autres) qui ne se retrouvent que dans leur refus d’être représentés par le CFCM. Nombre d’entre eux revendiquant des prérogatives incompatibles entre les courants de cette opposition. L’unité des communautés musulmanes est un vœu pieux qui n’est pas davantage probable en France qu’il ne l’est ailleurs.
Ahmet Ogras l’actuel président du CFCM, ne sera pas étonné. L’«Union des organisations islamiques de France » UOIF (cataloguée « terroriste » par les Emirats Arabes Unis), ambitionnait de supplanter le CFCM depuis longtemps et fédérait les mécontents du CFCM.
L’organisation des « Musulmans de France » l’a remplacée. Pour ce qui suit on retiendra que le CFCM est adoubé par le gouvernement français et que l’OIF chère à Tariq Ramadan et bien disposée envers les frères musulmans, était sous surveillance.
Ainsi, ce rapide coup d’œil panoramique permet de comprendre que les musulmans pourraient ne pas être près de s’entendre sur le choix d’une organisation réprésentative, d’autant qu’elle supposerait d’être reconnue par le gouvernement français pour se substituer au CFCM.
Marwan Muhamad ambitionne d’imposer par la base une union de façade que les différentes associations musulmanes n’ont pas réussi à créer depuis des décennies en France. Plutôt que d’essayer de les rassembler sous une même bannière avec un programme commun, alors qu’il sait cet objectif inatteignable, il les réunit derrière celle des mécontents du CFCM dont ceux qui entendent leur islam au-dessus des exigences laïques de la République; ce qui est bien plus facile. Cette démarche n’est qu’une étape probablement sans lendemain sauf à lui donner un écho encore injustifié. Le gouvernement ne devra pas se laisser aveugler par les sirènes unies des mécontents ni nécessairement encourager une organisation imposante de musulmans en France au motif que cet interlocuteur saurait communiquer les messages du gouvernement à ses sympathisants. Le contraire serait-alors possible aussi.
La démarche de Marwan Muhamad reste donc à considérer avec circonspection. L’islam ne faisant pas bon ménage avec les démocraties, que peut-on attendre d’une association qui regrouperait 6 ou 7 millions de musulmans dont l’Institut Voltaire rappelait que 25% d’entre eux placent la charia au-dessus des lois de la République ?
Une organisation qui représenterait tous les musulmans en France n’est pas nécessairement souhaitable sauf si son mot d’ordre était le respect de la laïcité, avec un engagement permanent à condamner toutes les exactions des musulmans et à imposer le respect des lois de la République à tous. La marche reste haute pour quelques-uns.
Une organisation qui représenterait plus de 10% de la population aurait inévitablement des tentations politiques. Même si on n’en est pas là, on se rappellera que lorsque des élections « libres » ont eu lieu en Algérie, le gouvernement qui craignait l’institution d’une République islamique, annula immédiatement les élections qui donnèrent vainqueur le Front islamique du salut, parti issu de religieux. S’en suivi des années de guerre contre le GIA notamment.
Même histoire en Egypte avec l’élection du parti de la « Société des frères islamiques ».
L’histoire des organisations religieuses musulmanes puissantes ne plaide pas en leur faveur en démocratie.
Marwan Muhamad devra convaincre de ses intentions les non musulmans aussi pour être accepté. Avoir quitté le collectif « contre l’islamophobie » est une bonne chose si son intention est de créer celle « pour un islam laïco-compatible ».
Tariq Ramadan ne lui a pas montré le bon chemin.