20 Juillet 2018
Cette expression de 1998, bien évitée aujourd’hui à juste titre, a vécu. Le « multikultu » associé, importé d’Allemagne alors, aussi. La page semblait tournée.
On croyait avoir nettoyé les « cerveaux malades » comme dirait Patrick Cohen, en supprimant « Black Blanc Beur », expression vertueuse à l’origine mais dévoyée au fil du temps, du discours « officiel » médiatique.
Tout se serait probablement bien passé si notre Président n’avait pas cru bon de donner une leçon malencontreuse, à propos de la crise migratoire, au gouvernement italien en le traitant de « cynique… d’irresponsable… ». L’Italie lui répondit qu’ « …elle ne peut accepter de leçons hypocrites de pays qui ont toujours préféré détourner la tête lorsqu’il s’agit d’immigration ».
Le moment était mal choisi pour ces invectives.
L’Italie abandonnée avec ses 700 000 migrants, au motif de l’accord de Dublin qui laisse à charge les migrants au pays qui les reçoit en premier, a réveillé (conséquence ?) des élans racistes pas encore totalement oubliés. Les mouvements politiques de l’Italie du nord, gardiens d’une certaine nation italienne, n’ont pas apprécié cet enchainement d’événements.
Il n’en fallait pas plus pour révéler une animosité sportive (90% des italiens soutenaient la Croatie en finale) mêlée de racisme, spécialité italienne dont Mario Balotelli, entre autres, est un habitué. Lorsqu’il jouait à l’Inter de Milan, il était systématiquement sifflé, à minima, pendant les matchs
L’équipe de France du donneur de leçons et sa composante multiethnique arrivait à point nommé pour concentrer les sarcasmes transalpins. . Les italiens notamment, ont ainsi brocardé les joueurs français au motif de leurs origines africaines.
Le temps n’est pas si loin où le fascisme a emballé l’Italie entre les deux guerres laissant à Mussolini la possibilité de développer une idéologie politique dont une des facettes était le racisme et l’antisémitisme (bien que lors de sa rencontre avec Hitler en 1932 il lui aurait dit ne pas être antisémite). Je ne ferai pas d’amalgame ici ; les propos racistes ne sont qu’une composante du fascisme italien dont on ne doit pas les affubler pour autant, comme il serait absurde de généraliser ces excès à toute l’Italie. Cependant, un peuple ne peut pas oublier une période aussi grave de son histoire, il appartient donc à chacun de porter attention aux causes et aux conséquences de ses discours, en qualité de Président surtout.
Cet épisode est l’occasion de rappeler que les bleus ont été appréciés pour leurs performances et en leur qualité de « bleu blanc rouge » c’est-à-dire appartenant au peuple français, sans autres considérations. La coupe du monde réunit des peuples qui s’enflamment pour leur équipe nationale considérant que celle-ci les représente, de même l’équipe qui porte les couleurs du peuple qui la supporte, peut s’exalter pour ce motif. La dimension de cette osmose est rare et précieuse.
Ce qui n’est pas le cas par exemple lors des coupes d’Europe. L’arrêt BOSMAN a libéré les clubs de leur obligation à limiter à trois joueurs étrangers une équipe sur le terrain, tous les grands clubs en Europe utilisent donc des « mercenaires » (*) aujourd’hui. ARSENAL a joué fréquemment avec des équipes composées exclusivement d’étrangers.
(*) « Dans le sport, en particulier dans le football, le terme ‘’mercenaire’’ est utilisé pour désigner un sportif qui joue uniquement pour l'argent, sans prêter attention au maillot ou à la nation qu'il représente. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercenaire
Il en résulte une relation très différente entre les joueurs et les supporters. L’adhésion d’un « mercenaire » ne vaut que pour ce que lui rapporte le club et s’offre au mieux disant. L’épisode Neymar et son absence du PSG pour cause de cheville blessée a permis de mesurer son peu d’attachement à Paris et à ses supporters qu’il a quittés dès que possible pour se soigner dans son pays. La relation est forte des supporters vers le « mercenaire », dans l’autre sens elle n’est que façade.
Pour la coupe du monde, les bleus nous ont montré que l’engagement valait dans les deux sens.
BRAVO aux français.