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L'apostilleur

Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)

Le Conseil d’Etat (français) a trouvé de sérieux contradicteurs (en Allemagne) à propos des symboles religieux.

«La Bavière impose le crucifix dans l'espace public. Le gouvernement au pouvoir veut que la croix orne l'espace public en reconnaissance de l'identité catholique du Land.» https://www.tdg.ch/monde/europe/baviere-impose-crucifix-espace-public/story/18006426

De toute évidence, les bavarois n’ont pas reçu un crucifix sur la tête et "leur" pape Benoît XVI né en Bavière, n’est pas l’instigateur de cette nouvelle manifestation que d’aucuns considèrent religieuse, alors que Markus Söder président de l’Etat libre de Bavière explique lui, qu’il s’agit de souligner un marqueur identitaire historique et culturel.

Qu’en est-il ?

La ministre espagnole Ana Palacio, à propos de l’entrée de la Turquie musulmane dans l’Europe, martelait que « …l’Europe n’est pas un club chrétien »..

Il s’agissait pour elle de rappeler des valeurs fortes et estimables, de tolérance et de respect de l’autre. Cette opinion humaniste partagée par les défenseurs de la laïcité résonne encore et toujours en écho à ces conversations qui entouraient les prémices de la Constitution européenne s’agissant de la place de la chrétienté dans l’histoire de l’Europe. Ce préambule à la constitution européenne manque encore à certains.

Toujours est-il qu’aujourd’hui réapparaît ce besoin identitaire chez nos voisins allemands. Le contexte n’étant plus l’écriture de la Constitution européenne, le sujet s’exprime aujourd’hui dans un environnement politique bousculé par l’extrême droite qui fait recette en Bavière notamment. L’arrivée d’un million d’individus majoritairement musulmans dans un pays catholique est à l’évidence le phénomène déclencheur. Avant de juger nos voisins, il convient de percevoir le véritable caractère de cette décision.

Pour cela, revenons aux débats qui entouraient la naissance de la Constitution européenne. Deux idées étaient portées par Rome qui s’était invitée dans les discussions à la demande de nombreux états. L’une étant la conséquence de l’autre. La première à caractère culturel qui évoque, "L'apport décisif du christianisme et de la vision chrétienne de l'homme, à l'histoire et à la culture de différents pays (qui) fait partie d'un trésor commun, et il apparaîtrait logique que cela soit inscrit dans le projet de la Convention » et l’autre religieuse, souhaitée par Jean-Paul II qui demandait qu’ "une référence claire à Dieu et à la foi chrétienne soit formulée dans la Constitution européenne". Sauf à considérer qu’un coup de tonnerre déiste aurait soudainement frappé la Bavière, il est raisonnable de penser que c’est la dimension culturelle des origines de leur territoire qui motive leur réaction.

On n’ignorera pas la dimension politique recherchée qui comme souvent ne se positionne pas en précurseur de l’événement mais à la suite d’un mouvement populaire qui enfle. La Bavière comme la Catalogne la Lombardie… développe depuis longtemps un sentiment indépendantiste, un tiers d’entre eux y sont déjà favorables. Plusieurs motifs l’expliquaient quand l’arrivée massive de migrants musulmans a déclenché la réaction des bavarois (comme bien d’autres en Europe) qui ont senti le besoin de rappeler leur identité culturelle avec un symbole religieux plutôt qu’avec des Lederhoses (culottes en cuir traditionnelles). Le choix du symbole ne cache pas une intention prosélyte (il n’est plus dans les usages d’inciter à la conversion les croyants), mais rappelle l’origine culturelle des autochtones aux nouveaux arrivants à qui il est demandé avec insistance de les respecter.

En Europe des territoires sont secoués par des manifestations culturelles qui mitent l’avancement voulu d’une cohésion européenne. Ils devront être considérés, car cet objectif n’avancera pas au détriment des fondements de ces revendications.

A n’en pas douter, la réaction bavaroise vise donc à rappeler « urbi et orbi », que l’intégration des millions d’immigrés musulmans ne passera pas par l’abandon des empreintes de leurs origines.

En cela ils ne font que s’inspirer des recommandations d’Angéla Merkel, « Les immigrants doivent s'intégrer et adopter la culture et les valeurs allemandes …». https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-multiculturalisme-est-il-une-187579 (*)

Quelle difficulté y aurait-il à reconnaître l’évidente origine culturelle de l’Europe marquée par le christianisme ?  Le rouleau compresseur laïc doit pouvoir distinguer la dimension religieuse qui s’exprime nécessairement dans un cadre privé, de celles, culturelles, conséquences historiques, qui ont marqué les territoires et leurs traditions. La conséquence est à distinguer de la cause; défendre la culture chrétienne en Europe n'a rien à voir avec la foi chrétienne dont elle est issue. C’est une compréhension nécessaire de chacun qui profitera à tous. La laïcité qui doit s’imposer ne doit pas être déviée par les vues obtuses de certains de ses partisans. Le respect de ce pilier fondateur de notre culture est une nécessité pour que chacun puisse s’y épanouir, les limites de la diversité des communautés ont été dessinées par l’échec du multiculturalisme constaté par l’Europe en 2010 (*). L’intégration qui doit s’opérer, ne suppose pas l’appartenance à la religion chrétienne mais la reconnaissance des valeurs culturelles que l’Europe a développées au fil de son histoire. L’adhésion aux valeurs historiques grecques, romaines et chrétiennes des pays européens est une nécessité qu’exige son homogénéité. N’est-ce pas là seulement, le dessein des bavarois ?

Pour expliciter les conditions de l’intégration de ces nouveaux arrivants, avec une hardiesse sans précédent, Angéla Merkel ajoutait : « … Nous nous sentons liés aux valeurs chrétiennes. Celui qui n'accepte pas cela n'a pas sa place ici ».

Angéla Merkel l’avait dit, Markus Söder, l’a redit.

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