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L'apostilleur

Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)

Des auxiliaires de justice français (des avocats), prétendent dicter à la France la conduite à suivre avec « les revenants » de l’EI

Quand des auxiliaires de justice français (des avocats), prétendent dicter à la France la conduite à suivre avec les djihadistes français de daesh, « les revenants ».

Ces dernières années nous ont montré quasi quotidiennement les exactions de l’état islamique dans la région irako-syro-kurde en nous expliquant combien cette guerre était compliquée du fait des influences régionales et autres, tant pour se décider à intervenir que dans la façon d’y mettre fin. Pendant que les réflexions diplomatiques empreintes s’affinaient dans les couloirs des ambassades, soupesant les ingrédients de cette cuisine moyen-orientale, les populations locales n’ont, elles, pas attendu pour se défendre contre cet envahisseur apparu quasi ex nihilo. Parmi elles, les Kurdes.

Sans ignorer les autres motivations qui ont entretenu la flamme de ces combattants, à l’évidence ils ont été une opposition essentielle aux djihadistes de l’Etat islamique au prix de leurs rangs décimés. L’importance de leur rôle ayant été largement soulignée.

Après avoir été les combattants du terrain indispensables jusqu’à la finalisation en cours du grand nettoyage, ils se retrouvent avec, parmi leurs prisonniers, des français djihadistes sur les bras. Lesquels n’ont ni le statut de prisonnier de guerre, ni celui de prisonnier politique mais plutôt celui de terroriste, ce qui reste à démontrer du point de vue des auxiliaires de justice français semble-t-il. De cette qualification dépend en général en occident, le régime judiciaire qui leur sera appliqué. Reste à savoir dans quel pays.

L'application de la loi pénale dans l'espace et son article 113-2 NCP prévoit à propos de la territorialité de la loi pénale française : « les infractions commises en France relèvent du droit français, indépendamment de la nationalité de l'auteur ou de la victime. Ce principe est lié au fait qu'un Etat Souverain se doit de faire régner l'ordre sur son territoire national et d'en châtier les contrevenants. » On voit que la notion d’Etat souverain est le biais par lequel nos auxiliaires de justice envisagent le corollaire de cette loi et par conséquent, de confisquer aux kurdes leur droit à juger au motif que le Kurdistan syrien n’est pas un état souverain. La question se posant pour la Syrie, seul l’Irak pourrait « convenir ».

Sourcilleux donc quant aux conditions de justice discutables dont pourraient souffrir nos terroristes français prisonniers en Irak, en Syrie et au Kurdistan syrien (pays qui n’existe pas formellement) nos auxiliaires de justice remuent leurs manches devant les risques encourus par leurs clients potentiels. Ils se mobilisent et les encouragent à en appeler au Président Macron pour être jugés en France. Se faisant, ils se substituent au Procureur de la République et contreviennent à l’article 113-8 qui mentionne en l’occurrence que  « la poursuite des délits ne peut être exercée qu'à la requête du ministère public… »  d’une part, et pour parfaire l’incongruité de leur action qu’ « … elle doit être précédée d'une plainte de la victime ou de ses ayants droit ou d'une dénonciation officielle par l'autorité du pays où le fait a été commis. » Ainsi, pour ces motifs, on commencerait à comprendre leur action s’ils soutenaient la demande des victimes, sauf que cela ne peut être, la victime devant être française. Ils essaient là de tordre notre droit et l’avis du peuple français.

Rappelons-nous que la France, sans le cafouillage « Hollandais », aurait dû prononcer la déchéance de nationalité pour ces djihadistes. Alors aujourd’hui, par quel retournement devrait-elle les accueillir dans ses tribunaux et dans ses prisons par centaines ?

Certains considèrent qu’il est préférable de les avoir dans nos prisons enfermés plutôt que de courir le risque d’en voir sortir quelques un des geôles kurdes éventuellement, un jour... Envisagent-ils l’épisode qui suivrait dans nos cellules quand on connaît l’inefficacité des expériences de déradicalisation ? Quels seraient les effets contaminants de ces « revenants » extrémistes ? Ou le vers est-il le plus à craindre, dans la nature ou dans le fruit ?

Soutenus par nos auxiliaires de justice, ces terroristes français entre les mains de leurs ennemis dont ils tuaient les fils il y a peu encore, revendiquent maintenant cette nationalité française qu’ils rejetaient en partant, allant jusqu’à en appeler au président de la République pour qu’ils soient jugés en France. Ils oublient au gré de leur intérêt immédiat, leur refus de cette loi française, celle des « kouffar » (infidèles, mécréants…) disaient-ils, à laquelle ils préféraient la loi islamique, la charia, qui est précisément celle de leurs geôliers. Leur foi islamique ne résiste pas à leur propre intérêt. Ils prétendent choisir leurs juges et préfèrent maintenant la justice des « kouffar ». Quand a-t-on vu un prévenu choisir ces juges ? 

Certes, ils risquent gros entre les mains de la justice Kurde. Plus que ce qu’ils leur ont fait subir ? Craignent-ils le jugement d’Hammurabi comme il y a 4000 ans là-bas justement ; œil pour œil…  ?

S’agissant des Kurdes de Syrie, ils auraient le droit de combattre au côté de l’alliance anti-état islamique mais pas celui de juger. Ainsi, nos auxiliaires de justice français sont-ils aveuglés par le carcan de leurs certitudes (ou par leurs intérêts), au point de considérer avec hauteur de vue la justice des autres, distribuant des satisfécits ou pas, préalables au droit qui leur serait reconnu à juger. N’y-a-t-il pas encore là, la manifestation d’une suffisance à la française (comme elle nous est si suffisamment reprochée), à vouloir imposer notre conception de la justice ?

Ne devraient-ils pas avant, nous expliquer comment notre justice œuvrerait avec des centaines de « revenants » dont les milliers de victimes n’auront pas les moyens de s’expliquer devant un tribunal parisien à 5000 km du lieu de leurs malheurs. Qui s’occupera de faire venir ces charters de témoins à charge nécessaires au bon déroulement du procès, l’Etat français ou les kurdes et autres syriens, irakiens ? L’Etat français qui déciderait ainsi de priver de leur justice les innombrables victimes de nos terroristes français ?

Pourrait-il s’agir alors de l’impétuosité du justicier qui s’effraierait davantage des conditions dans lesquelles la justice pourrait être rendue que par les motifs d’accusation de leurs futurs clients ? Et qu’en est-il à leurs yeux du sort des djihadistes non français qui eux seront jugés par leurs geôliers ? Leurs états d’âme sont sélectifs.

A-t-on entendu la Belgique, l’Algérie, le Maroc, le Mali … revendiquer le rapatriement de leurs ressortissants afin de les juger eux-mêmes ?

Plutôt que de battre la semelle de vos mocassins sur la moquette des Palais de Justice ou des plateaux de télévision, ne pourriez-vous pas envisager messieurs les auxiliaires de justice d’enfiler le costume des ulémas du Moyen-Orient et aller défendre vos clients là-bas ? Le respect des « Médecins sans frontière » a été mérité par leurs actions dans les pays des nécessiteux, voilà un modèle.

Si nos justiciers veulent entrer en croisade contre la loi coranique, voilà un sujet qui devrait les occuper pour quelques temps : lors d’un héritage la part des femmes est la moitié de celle des hommes.

Respectons la justice des autres, même sans l’admettre.

 

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