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L'apostilleur

Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)

Naissance et fin des nations, une question de temps. 10/11 L’Etat (loi Macron) redistribue les jours fériés en fonction des fêtes religieuses des communautés dans les territoires ultramarins !

 L’Etat (loi Macron) redistribue les jours fériés en fonction des fêtes religieuses des communautés dans les territoires ultramarins !

Mais pourquoi donc l’Etat s’immisce-t-il dans cette galère? 

L’Assemblée Nationale Française a adopté un amendement de la loi Macron porté par la députée de la Réunion Ericka Bareigts afin de modifier les dates des jours fériés en fonction des pratiques religieuses des différentes communautés dans les territoires ultramarins - DOM TOM - (https://www.youtube.com/watch?v=zSdn5vKthIc) .

Ces tergiversations avec la laïcité sont inconcevables venant de l’Etat qui redistribue ainsi les jours fériés. De même, lorsque l’Administration accorde des journées d’absence pour fêtes religieuses aux croyants non chrétiens en France.

Les croyants des départements d’Outre-mer devraient ainsi pouvoir célébrer des fêtes musulmanes, hindoues, juives, bouddhistes… en échange de jours fériés chrétiens « Le lundi de Pâques, l’Ascension, le lundi de Pentecôte, l’Assomption, la Toussaint». La députée indique que « ce sujet est débattu depuis 40 ans… dans les DOM le cultuel et le culturel se mélangent» Il s’agit dit-elle, de « respecter la diversité culturelle et religieuse ».

L’amendement n°2992 précise dans son exposé sommaire que « .. le principe d’une adaptation des jours fériés aux contextes locaux des Outre-mer ne s’oppose manifestement pas à la jurisprudence constitutionnelle et notamment au principe constitutionnel d’unité de la République ou à celui d’égalité devant la loi. (…) Ainsi, dans les Outre-mer, la loi du 30 juin 1983 prévoit déjà un jour férié spécifique aux Outre-mer pour célébrer l’abolition de l’esclavage... De même la loi 51‑350 du 20 mars 1951 (…) prévoit un jour férié et chômé pour la fête de la Sainte-Barbe dans les établissements et exploitations dont le personnel bénéficie du statut de mineur… »

Comment peut-on avancer des commentaires aussi inconsistants pour justifier un ’’amendement cultuel’’ injustifiable au regard de la laïcité ?

Les arguties qu’utilise la députée, très mal à l’aise dans sa présentation comme Emmanuel Macron d’ailleurs, montrent la faiblesse de son argumentaire. Peut-être craignaient-ils une réaction laïque et virulente de l’Assemblée Nationale ? Ce ne fut pas le cas, l’amendement a été voté dans l’indifférence générale.

Tout cela ne va pas dans le bon sens.

L’Etat va à l’encontre des décisions laïques qui s’imposent dans la République, l’Etat prend la mauvaise voie en institutionnalisant des pratiques religieuses communautaires.

Par ‘’souci d’équité’’, il s’immisce dans le domaine religieux en lui donnant une importance qu’il n’avait pas. Ce qui est admis pour les DOM TOM devra nécessairement l’être un jour en métropole… La suite logique serait de supprimer les jours fériés de Noël et de Pâques pour tous et de ne les octroyer que dans le cadre de la circulaire du 13 avril 2007 (voir ci-après) relative à la charte de laïcité dans le cadre d’ « autorisations d’absence pour participer à une fête religieuse » …  qui seront destinées alors aux seuls catholiques ?

Quels micmacs en perspective !

Soit l’Etat abandonne les traditions séculaires, fondement de la société, intervient dans un domaine où la laïcité devrait recommander de s’abstenir, fait preuve d’équité cultuelle en s’immisçant dans le domaine religieux et contribue à développer les communautarismes, soit il s’essaye à l’interculturalisme recommandé par le Conseil de l’Europe et privilégie la « Culture dominante » dans le cadre d’une laïcité « imposée », comme le souhaitait Madame Merkel en 2010 : « Les immigrants doivent s'intégrer et adopter la culture et les valeurs allemandes ».

 

Le ver est dans le fruit depuis longtemps. Ce qui fait suite n’était que le prélude de ce qui précède.

La discrimination positive de l’Etat à l’endroit des fonctionnaires croyants non catholiques ne date pas d’aujourd’hui. En effet, ils bénéficient en plus des jours fériés légaux pour tous (qui comprennent les fêtes religieuses catholiques), d’absences supplémentaires pour participer aux fêtes religieuses… non catholiques.

Dans les services publics, (portail CFDT)  le principe de laïcité découlant de la loi de 1905 se traduit par «un devoir de stricte neutralité» à l’égard de toutes les opinions et croyances, rappelle la circulaire du 13 avril 2007 relative à la charte de laïcité dans les services publics. «Le fait, pour un agent public, de manifester ses convictions religieuses dans l’exercice de ses fonctions constitue un manquement à ses obligations. »  La même circulaire précise qu’« ils bénéficient d’autorisations d’absence pour participer à une fête religieuse dès lors qu’elles sont compatibles avec les nécessités de fonctionnement normal du service». 

On comprend que la transformation culturelle française en cours, contraint un Etat pas assez laïque à légiférer au motif de ‘’l’équité’’ sur le plan des pratiques religieuses. Ce faisant, il intervient sur un terrain sanctuarisé depuis longtemps ; la Toussaint 1801, la Saint-Sylvestre 1810, l’Assomption 1638, Pâques 1801, Pentecôte 1886…

En revoyant les droits après considération des religions des individus, l’Etat ‘’institutionnalise’’ la pluralité communautaire. Est-il préférable d’acter les différences cultuelles ou de lisser les particularismes religieux ?

A quand, ‘’par équité’’, les autorisations d’absences pour les non croyants lésés ?

Ainsi, l’idée de nation que définissait le dictionnaire de la langue française « Ensemble de personnes vivant sur un territoire commun, conscient de son unité (historique, culturelle, etc.) et constituant une entité politique. »  se désagrège au gré des transformations sociales que la pluralité des cultures juxtaposées imposent à un Etat qui l’accepte sans débat, dans le silence de ses préoccupations électorales.

Comme souvent, les conséquences de ces décisions émergeront plus tard, quand les auteurs de ces fractures républicaines auront quitté l’époque de leurs décisions.

 

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