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L'apostilleur

Ne pas rire (se moquer), ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre (Spinoza)

L'élite européenne, les électeurs et l'immigration

L'élite européenne, les électeurs et l'immigration

Pourquoi les électeurs du PS sont-ils enclins à voter FN quand l’extrême droite se répand en Europe ?

Les convulsions lors de la création de ce parti politique qui a nécessité des années de construction et d’assemblages, se révèlent encore et toujours. Les compromis douloureux qui ont jalonné la vie du PS éructent aujourd’hui encore, preuve s’il en fallait de son inhomogénéité. Les montagnes de difficultés et les divergences qui prévalaient, subsistent. L’alchimie complexe et fragile qui a engendré le parti tel qu’il est maintenant, ne semble surtout pas devoir être remise en cause. En l’état, après tant de tractations, il a permis de gagner des élections alors on ne change pas un parti qui a gagné.

Sauf qu’il ne gagne plus.

Les manœuvres florentines qui resurgissent à l’approche de nouvelles échéances n’intéressent que le fonctionnement du parti et ses courants. C’est le moment où l’entre soi domine, les électeurs et leurs nouvelles aspirations sont délaissés.

Ce nombrilisme est perçu dans le pays comme le signe d’un décrochage, le contact se perd. Les valeurs et les nouvelles convictions partagées par un grand nombre de français sont ignorées si elles dérangent une partie du parti. On privilégie donc la cohésion partisane sans considération de la volonté populaire dominante, l’osmose du parti avec ses électeurs et le pays s’arrête là.

Le PS d’aujourd’hui est à l’évidence enfermé dans cette logique au point de négliger les aspirations populaires majoritaires. On s’approche parfois du déni de démocratie. L’immobilisme du parti déteint sur le gouvernement, il contraste avec les changements et les événements qui secouent la société. Les décisions prises à posteriori des événements, sont la manifestation d’un mode de fonctionnement qui s’apparente à celui de gestionnaires. Ils s’adaptent plus ou moins au gré des palpitations de la société et justifient alors l’action politique pendant qu’on attend des politiciens clairvoyants et courageux, capables de décisions pour satisfaire l’attente d’une majorité de français même si une part n’est pas dans leur camp. Le dilemme est là, écouter une majorité de français dont certains sont en dehors du PS, s’adapter et évoluer, ou se claustrer sous l’influence d’une minorité qui ne représente qu’elle-même mais électoralement indispensable ?

Les postures non responsables de la gauche que sa gauche influence, notamment face aux enjeux de la crise migratoire en Europe, sont majoritairement rejetées. Elles s’opposent aux attentes de la majorité des français jugées réactionnaires parfois au seul motif qu’elles sont présentées par la droite de la gauche, la droite et le FN. La moralité et l’éthique des français ne sont pas en cause, le racisme et la xénophobie ne sont pas les valeurs du plus grand nombre, mais l’irresponsabilité des dirigeants qui écoutent leur minorité risque d’envoyer vers le même vote, les xénophobes racistes et ceux qui ne le sont pas.

Au passage on notera l’initiative d’un Emmanuel Macron opportuniste, qui a bien vu que cet immobilisme conduisait le PS à sa perte. Il s’éloigne d’un PS sous la contrainte de son aile gauche et s’adresse à la « majorité » trans-partisane des français davantage préoccupée par le destin de la France que par celui des partis. C’est possiblement un bon chemin.

Quel motif conduit par ailleurs, un si grand nombre d’individus en Europe à abandonner les partis traditionnels et à rejoindre l’extrême droite si ce n’est l’immigration massive récente ? Les élections en Autriche doivent nous interpeller sur le risque encouru par les partis qui avancent sans évoluer. Le doute est une politesse à rendre à la vertu, on pensera donc que ces autrichiens ne sont pas forcément plus xénophobes que les autres européens mais seulement inquiets quant à l’avenir de leur pays.

Ce n’est pas l’extrême droite en Europe qui avance, ce sont les autres partis qui reculent.

Le secrétaire général du conseil de l’Europe Thorbjørn Jagland, Angela Merkel, David Cameron et Nicolas Sarkozy ont constaté fin 2010, chacun dans son pays et avant l’actuelle vague migratoire, l’échec des sociétés multiculturelles en Europe ; après ces déclarations quelles actions ont suivi ? Il y a donc matière à s’interroger lorsque l’Europe entière qui n’a pas les mêmes motifs, est sous influence d’une Allemagne généreuse mais intéressée qui a fait le constat de l’échec de l’intégration (son « Multikulti ») et qui appelle un million d’immigrés cinq ans après !

Il serait irresponsable que la croissance économique attendue de la croissance démographique européenne soit un objectif sous-jacent ?

Chacun est convaincu de l’assistance nécessaire de l’Europe envers ce drame humanitaire, mais l’organisation non concertée de cette immigration et le manque de prospectives permettent de douter des intentions réelles des dirigeants européens et de leur capacité à faire face. Quelle autorité nationale ou européenne s’est risquée à décrire l’Europe post-migratoire dans dix ans, dans vingt-cinq ans? Gouverner c’est prévoir, la carence est manifeste sur ce point.

Dans ce contexte, comment s’étonner que l’Autriche révèle ses appréhensions et ce que pensent les peuples ?

S’agissant de la France, le PS se limite à rappeler comme de vieilles antiennes, les valeurs républicaines quant à la capacité de la France à intégrer les immigrés et son devoir moral à le faire, c’est un peu court. Chacun est capable de le comprendre, d’adhérer et en est convaincu. Mais faire fi de certaines réalités peut cacher une incapacité ou un renoncement.

Les comportements d’une part des minorités qui composent plus de 10% de notre populations confirment aussi que les limites de l’intégration ont été dépassées et confortent le sentiment d’un échec général en Europe. Il ne suffit donc pas de jeter l’opprobre sur ces délaissés, ni sur ces électeurs qui manifestent leur crainte en s’éloignant de la gauche pour ce motif. Il conviendrait plutôt que des propositions avec les perspectives crédibles d’un vivre ensemble réussi à court et moyen terme soient argumentées et débattues publiquement. Le manque de visibilité sur les moyens mis en œuvre pour conduire l’évolution des sociétés, et d’analyse sur ce qui se passera en cas d’échec restent des facteurs majeurs d’inquiétude. Le travail reste à faire.

On voit là que pour des raisons différentes des électeurs peuvent se rejoindre sur une question grave qui occupe les débats en Europe. Le vote dépend des partis traditionnels à montrer leur capacité à prendre en charge la situation et de la position du curseur sur l’échelle des priorités de chacun. Les autrichiens ont positionné le leur assez haut.

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